Né à Mexico, l’artiste Rafael Lozano-Hemmer réside désormais à Montréal. C’est au MAC qu’il a posé vingt-et-une de ses œuvres pour une rétrospective poétique, Présence instable, dont le spectateur est le héros.
“C’est le regardeur qui fait l’œuvre” disait Marcel Duchamp, père du ready-made. Un adage qui a inspiré les travaux de Rafael Lozano-Hemmer. Dans Présence instable, l’artiste mexicain met le public au centre de ses installations, faisant de lui un ensemble de rouages, qui modifient, influencent et interagissent avec les œuvres rendant celles-ci différentes et nouvelles à chaque instant. Une participation tantôt ludique, tantôt fascinante, mais qui peut également poser question, dérouter ou mettre mal à l’aise. Car les dispositifs de Rafael Lozano-Hemmer ne sont pas dénués de réflexions politiques, comme en atteste Zoom Pavillon, qui évoque Big Brother et l’omniprésence des dispositifs de surveillance.

Présence éphémère
L’exposition explore également la notion de coprésence dans des œuvres telles que Voice Array, Pulse Spiral ou Vicious Circular Breathing. La première de ces installations invite le public à enregistrer sa voix via un interphone. Celle-ci est ensuite transformée en un faisceau lumineux qui parcourt la salle et est diffusée de façon intelligible avant de se mêler aux enregistrements précédents. Pulse Spiral matérialise quant à elle les battements de cœur des spectateurs qui se prêtent au jeu. Les pulsations cardiaques sont tout d’abord concrétisées dans une première ampoule, puis elles se propagent aux 299 autres bulbes lumineux, mettant à nu les émotions des participants. Enfin, la fréquence se mêle à celles enregistrées auparavant pour un résultat captivant. Vicious Circular Breathing propose à qui le souhaite (et est en bonne santé) de s’installer dans un cube en verre placé à l’extrémité d’une installation titanesque faite de soufflets et de sacs en papier kraft pour y respirer de l’air vicié. Toutes ces œuvres immersives se construisent grâce à la singularité du public et se renouvellent grâce à l’éphémérité de leur présence.
PRÉSENCE INSTABLE
du 24 mai au 9 septembre 2018 au MAC de Montréal
macm.org
Texte et visuels Stéphanie Linsingh